Trail de Sancerre

Pour cette 4ème édition le trail de Sancerre s'est vu intégré au Trail Tour National, circuit de différents trails dans la métropole. Il faut dire que c'est un joli morceau qui nous attend: 35kms / 1200mD+ dans le vignoble Sancerrois. Forcément l'appellation TTN devrait attirer du monde, et du beau monde normalement. Sur la liste de départ je repère notamment des noms qui devraient jouer les premiers couteaux: Duhail, Holzerny, de Paepe...autant dire qu'il y aura du monde devant, un top 10 de mon côté serait déjà une belle réussite.

Je me mets un peu en retrait au moment du départ et vois donc les favoris s'enfuir à bonne allure dans les ruelles de Sancerre. Assez rapidement nous arrivons sur un sentier longeant les champs en contrebas de la ville et je commence à trouver mon allure. La vue est dégagée et la tête de course encore visible, je compte 18 coureurs devant moi mais déjà je vois qu'en tournant confortablement autour de 4'00/km je remonte du terrain sur les plus proches. J'essaye de ne pas en faire trop, doubler du monde peut avoir un côté grisant, car il reste un long chemin mais je me retrouve assez rapidement en 12ème position. Je suis sur un sentier plutôt souple qui serpente dans les bosquets, très agréable la sensation de vitesse dans les courbes on dirait presque du VTT...mise à part l'allure autour de 3'50/km sur cette partie. Derrière moi le trou n'est pas fait j'entends que ça s'accroche, devant juste un coureur avec une petite cinquantaine de mètres d'avance mais dont le rythme est proche du mien car l'écart ne bouge pas. 6ème kilomètre: première côte sérieuse, je ne me pose pas de question et marche à mon rythme pour éviter la surchauffe musculaire et cardiaque, mon prédécesseur opte pour une autre stratégie et une fois en haut, lorsque je suis en mesure de relancer, lui a du mal à suivre. Pendant quelques kilomètres nous allons progresser dans les bois, sur des sentiers sinuants. N'ayant personne devant je fais la course à ma main, relançant à mon rythme en forêt et en petites foulées dans les ascensions. Derrière je le vois faire les erreurs que je commets parfois, il s'accroche et profite des côtes pour recoller, résultat chaque partie roulante me permet de relancer et de creuser un peu plus l'écart. C'est très satisfaisant d'autant que je ne suis absolument pas pollué par le rythme d'autres coureurs et avance donc selon mes sensations uniquement. Au 13ème kilomètre deuxième côte où je dois marcher, il en profite pour recoller, nous échangeons 2-3 mots et je vois que mon aisance n'est pas partagée. Une fois en haut je parviens à le décrocher définitivement et ne le verrai plus.

S'ensuit à présent une deuxième partie de course où je suis seul, personne devant, ni derrière. Mention spéciale à l'organisation qui a su mettre en place un balisage extrêmement précis. Moi qui ai toujours des chevilles fragiles j'apprécie particulièrement de ne pas avoir à me préoccuper de jeter des regards au loin en quête de rubalises et de pouvoir me concentrer sur mes appuis, mon rythme. J'évolue depuis le début entre 174 et 178 bpm soit 85% de ma FCM mais je ne m'en préoccupe pas trop en fait, j'ai de très bonnes sensations. L'allure moyenne est autour de 4'25/km. Le staff a également prévu de nombreux points d'eau ce qui me permet de voyager léger, j'ai simplement pris avec moi quelques gels et ai fait l'impasse sur les gourdes ou autres poches d'eau. La chaleur qui nous accompagnait sur la première heure commence doucement à retomber et je ne souffre pas trop de la température. Le pays sancerrois est vraiment bucolique, je m'aventure dans les vignes, dans les bosquets et profite de paysages superbes dévoilant des vallées verdoyantes au sein desquelles se reposent des coteaux qui m'attendent pour la suite du parcours. Parfois le chemin nous fait même passer au travers d'une exploitation, au milieu de cuves géantes en inox, au travers des différentes machineries. C'est vraiment une course chouette. Les kilomètres s'enchainent bien, je rejoins le parcours du 15kms, baptisé "Fillette" quand le 35kms est qualifié de "Magnum"...à bon entendeur. Déjà 22kms au compteur et je me retrouve "noyé" dans le peloton du 15kms qui en termine, gros contraste avec les kilomètres précédents où j'évoluais vraiment seul. Cette incursion ne dure pas longtemps à peine le temps de remonter le peloton sur un ou deux kilomètres que déjà les tracés reprennent leur indépendance et moi ma progression en solitaire. Au ravitaillement suivant on m'annonce 11ème, puis bientôt 10...je n'ai doublé personne depuis le début de course donc j'imagine qu'il y a eu des abandons devant.

Sur le viaduc qui m'éloigne à nouveau de Sancerre la sensation de courir parfaitement seul est assez déroutante. Je vois plusieurs centaines de mètres devant moi et pas un seul coureur, derrière je sais que c'est aussi le désert absolu. Je passe donc devant des spectateurs parfois muets et un peu médusé. Des gens qui attendent des coureurs qui me suivent surement et devant lesquels je passe parfois en silence. On applaudit les premiers mais là je suis 10ème donc l'engouement n'est forcément pas le même, et de mon côté me savoir observé de si près m'oblige à conserver une bonne foulée. Je suis au 26ème kilomètre, ça laisse des traces quand même et je ne suis plus aussi fringuant qu'au début, je commence même à compter les kilomètres qui me séparent de l'arrivée. Je croise le trio de tête qui rentre vers Sancerre: Duhail, Sarran, Holzerny bien groupés et de Paepe quelques mètres derrière. Sur ces kilomètres j'accuse un peu le coup, je vérifie qu'il n'y a personne derrière et du coup la motivation en prends un peu un coup et l'allure aussi. Je maintiens la moyenne à 4'25/km mais l'aisance n'est plus là. Cette petite boucle qui m'amène à l'endroit où j'ai aperçu les premiers me parait longue et pourtant 2 petits kilomètres plus loin m'y voici ! Ca commence à devenir long mais je m'accroche. Sur mon bras gauche un brassard noir qui me serre un peu, comme une main amie qui me tiendrait le bras pour m'encourager, je le sens et ai un peu l'impression d'être accompagné. Je sens des crampes à l'arrière de mes cuisses, les ischios me rappellent également à l'ordre. A la moindre descente je sens que mes cuisses ne me retiennent plus, il est temps d'arriver. Dernier ravitaillement justement, on m'annonce toujours 10ème. J'attaque la dernière ascension qui est aussi celle du 15kms. Du coup c'est un peu l'embouteillage mais on ne peut pas dire que je sois vraiment gêné. Côte très escarpée, très raide j'ai les mains sur les genoux sauf quand il me faut m'accrocher à des branches et/ou racines pour progresser. Une petite pensée pour les premiers qui, s'ils étaient toujours groupés ici, ont du batailler au milieu du 15kms pour se départager dans une côte aussi raide. J'arrive enfin en haut et fais l'effort de trottiner dans les portions encore ascendantes du chateau, mais bien moins pentues. Je surveille le GPS car cet ultime effort m'a définitivement ruiné les cuisses et il me tarde d'en terminer. Ce dernier effort a fait chuter l'allure moyenne totale à 4'37/km ! Je remonte le peloton du 15kms et attends patiemment la ligne de délivrance. Je reconnais les ruelles de mon échauffement et sais que je touche au but, enfin la ligne est là. L'arrivée est mélangée avec le 15kms et c'est un peu dommage car les premiers ont du être noyés dans un peloton d'anonymes là où leur performance aurait mérité d'être saluée. C'est vraiment le seul bémol de cette organisation impeccable sur tous les autres aspects. J'en termine donc, il était temps, après 2h39 en 10ème position.

Le ravitaillement est mélangé avec le 15kms et c'est une vraie cohue, embouteillage pour une bouteille d'eau, bousculade pour une tranche de pastèque...moi qui ai plutôt l'habitude du calme les quelques minutes après la course c'est très difficile, je ne me sens pas très bien et file m'allonger avec une bouteille d'eau le temps que ça passe. Les cuisses ont bien morflées quand même je rejoins ma voiture lentement mais surement et en tous les cas ravi de ce top 10 dans le pays sancerrois.

Le 26 Jun 2015 RX a dit:

Encore bravo Yo, dommage que l'on ne se soit pas croisé à l'arrivée !
Pour ma part, fin de course bien différente à arpenter seul ou presque les rues de Sancerre, et se demander si c t vraiment le chemin en entrant dans les maisons !

Le 27 Jun 2015 Carine leriche a dit:

Toujours intéressant et un plaisir de lire tes CR de courses. Moi qui ne cours pas en ce moment... J ai l impression d y être!

Le 29 Jun 2015 Arthur a dit:

Je note que la plume va de paire avec la course, bien plus bucolique et champêtre.
Pour le reste la encore du très bon boulot, pas de running gag c'est du sérieux.

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