Difficile de résumer une course de 24 heures mais il y a quand même deux ou trois trucs à raconter au cas où il prendrait l’envie à certains de se lancer là dedans. Pour commencer l’approche purement théorique/mathématique des 24 heures en équipe de 4 soit 6 heures qui m’avait fait dire « c’est plus ou moins une durée d’effort de la partie vélo sur IM mais avec plein de pauses » est une grave erreur. GRAVE. Dans notre team c’est Alex qui avait pris le départ type Le Mans et eu droit à la bousculade. On le voit passer depuis les stands, on est hypers motivés mais déjà il faut s’équiper: le deuxième relayeur qui part une heure plus tard c’est moi Du coup je commence sans avoir de retour d’expérience et là c’est la grosse claque. Il y a du gros gros niveau, des mecs avec des cuisses épaisses comme des torses, des anciens pros…bref du gros niveau et ça roule très très fort. Je pars tambour battant mais ayant plutôt l’habitude de rouler seul sans drafting je gère mal les cassures et me retrouve assez souvent seul à faire des efforts démesurés pour maintenir une allure élevée. Les tours s’enchainent avec ce fichu Dunlop à monter…pas grand chose sur le papier mais chaque fois les quadris brulent gentiment et ça n’ira pas en s’arrangeant. Quand arrive la fin de ce relais je suis cuit…38.1kms/h de moyenne mais vraiment cuit et je réalise qu’il va falloir faire 6 fois ça. Ae. En réalité ce sont 6 compétitions de 1h chacune qui nous attendent et ça va sérieusement piquer. Il faut être en mesure de relancer à chaque virage pour bien recoller au groupe et faire l’effort dans la montée Dunlop pour rester au contact avec lui car s’il bascule avec de l’avance c’est foutu: derrière c’est descente à fond et, de nouveau, virages, relances... Jusqu’à la nuit on gère tout de même plutôt bien, les relais reviennent très vite car à peine le vélo posé c’est déjà le chrono de la récup qui démarre tandis qu’un autre relayeur est parti s’épuiser sur la piste. Se changer, débriefer, manger un morceau et (déjà) voir partir le relayeur qui vous précède, la tension nerveuse est omniprésente.
Heureusement dans le paddock il y a une super ambiance. On doit être 6 équipes à le partager dont deux à nous ! On est clairement moins bien organisés que les autres mais on assume sans mal notre choix de vivre dans le paddock sans avoir à effectuer les allers-retours camping qui nous éloigneraient de la piste et donc d’une partie des copains. Bon en revanche on a vraiment éventrés tous nos sacs en mode gitan, chacun s’étant plus ou moins affecté une zone territoriale avec les siens même si, au bout de 24h, c’est clairement un foutoir indéfendable.
La nuit est dure, on tourne en effectif réduit pour avoir des repos plus longs et l’ambiance retombe un peu. Il fait froid et le combo fatigue + silence pèse sur le moral. Finalement je suis presque mieux sur la piste même si ça fait maintenant 4h que je roule en cumulé et que les cuisses ont clairement besoin de repos. Pour choper un bon groupe il faut avoir la capacité de relancer. Je roule souvent devant du coup mais n’arrive pas toujours à accrocher les wagons plus rapides qui nous doublent. Quand enfin vient le moment de se reposer je ne me fais pas prier et file dormir pour être en forme sur les relais du dimanche.
3h de sommeil plus tard je suis requinqué et heureusement ! Alex a une tête d’outre tombe et ses yeux réclament un peu de soutien. Les 8 heures de course qui restent se feront à 4 et nous allons progressivement retrouver de l’énergie. De mon côté la récup a vraiment fait du bien, je parviens à relancer comme il le faut et fais du fractionné sur mes relais pour rester au contact des groupes qui avancent. Maintenant j’ai clairement abandonner l’idée de mener des pelotons, il m’arrive de prendre des relais mais c’est beaucoup plus rare que la veille. Rester dans les roues demande déjà un effort conséquent car le vent s’est bien bien levé. La fin de course approche alors mes cuisses s’accrochent. Je monte de nouveau le Dunlop avec agilité et tiens la danseuse sur toute l’ascension (oui on peut clairement parler d’ascension il y a 7% quand même). Bref je suis Andy Schleck, je suis Tony Galopin, Pinot, Barguil et consorts...je suis de retour et bien en jambes mais 24 heures d’effort laissent quand même des traces. Aussi quand je pose (enfin) le vélo après mon dernier relais c’est la fin de la course avant l’heure, je suis content et (c’est vrai) assez soulagé…incapable de juger de la performance relative et absolue de notre équipe je suis malgré tout fier de voir qu’on s’en est bien sorti, sans temps mort, sans casse et en donnant le meilleur de nous mêmes. C’est Baltha qui a l’honneur de passer le drapeau à damier et de nous classer officiellement en 280ème position / 513 et 91ème équipe de 4 sur 133. La majorité des équipes étant des équipes full masculines on regrettera un peu l’absence de classement mixte mais on n’aurait de toute façon pas échangé nos nanas pour leurs bonhommes. A nous 4 c’est donc 190 tours de réalisés en 24h soit 795,15kms (33,1kms/h). Il nous aura manqué 3 tours pour égaler le score des Frogus historiques de 2009 mais notre équipe 2 qu’on ne peut clairement plus qualifier « d’équipe B » a mis la barre encore un peu plus haute avec 208 tours au total. Après un savant calcul j’évalue ma contribution à 56 tours en 6h31, soit 36.2kms/h de moyenne mais la réussite de ces 24 heures de vélo c’est avant tout le travail d’une équipe
J’ai juré sur le moment de ne pas y revenir mais 72 heures plus tard mon appréciation s’atténue un peu, pour une première expérience c’était un chouette apprentissage et il y a quelques trucs à améliorer qui pourraient me donner envie…à suivre.
C’était un chouette week-end les copains et c’est essentiellement grâce à vous. Si j’ai roulé avec plein de mecs que je ne connais pas j’ai passé, quand même, plus de temps avec vous dans le paddock alors merci à vous: - Valérie, ma binôme de la nuit avec qui on s’est relayé en se dictant les consignes par WhatsApp interposé ne pouvant jamais vraiment se parler. Merci pour ta bonne humeur, le ravitaillement maison et ces supers maillots d’équipes que je ressortirai fièrement à la première occasion - Madeline, un ravissement permanent. Le sourire et la douceur dans le stand mais des cuisses de feu sur la piste. Besogneuse et acharnée tu as tout défoncé miss Madie - Alex, remplaçant de luxe de dernière minute qui a bien voulu se joindre à notre bande de furieux - qui a failli y rester aussi si j’en crois ses yeux du dimanche matin - Jerome parce qu’il était là, a véhiculé les autres et qu’on a déjà eu du mal à trouver un remplaçant donc on l’a gardé - Frederic, mon alter ego de l’équipe 2 sur la piste, deuxième relayeur également qui s’est découvert une passion pour la course au peloton. Un allumé du bocal débordant d’enthousiasme, à l’optimisme inébranlable et qui s’est défoncé pour l’équipe - Balthazar parce que c’est quand même notre idée de venir ici mon pote, un soir de mars un peu fatigués sur l’A6 on a décidé de lancer ce truc là et ces 24 heures c’est grâce à toi - Bobi évidemment, même si tu officiais sous ton pseudo de Jérôme tu as tenu ton rang mon Bobi: fort dans les relais (très fort) et incroyablement nul sur le reste - c’était parfait ne change rien. Je me souviendrai longtemps de cet appel en pleine nuit quand tu attaquais les cadenas à la boule de pétanque ou de la nécessité de t’équiper d’une double montre
Merci pour ces moments.
Bises les copains