Triathlon L de Troyes

1 mois après Lacanau il est largement temps de remettre le couvert pour la répétition générale avant l'épreuve de l'année. Ce fut donc à Troyes sur un format L (2700m / 82kms / 20kms) décrit par beaucoup comme particulièrement relevé et accueillant chaque année des noms assez sérieux du circuit français. Ce qui est bien c'est que cette bonne densité peut tirer vers le haut et ça c'est forcément motivant...en revanche il y a de bonnes chances que je prenne une rouste, en particulier si je gère la cap et l'hydratation comme à Lacanau.

J'arrive de bonne heure et ai largement le temps de vérifier mon matos, préparer mes affaires. J'échange également assez rapidement avec Chris aka Enzo aka le coach qui me redonne les consignes déjà évoquées. Bref je suis prêt on peut y aller. On n'est pas parti qu'il fait déjà une chaleur incroyable et le speaker commence à faire pas mal de prévention sur les éventuels coups de chaud à venir, notamment sur la cap. Mais pour le moment nous n'en sommes pas là, je suis sur la plage et prêt à en découdre !

Nous sommes pas loin de 550 bonhommes au départ et je m'élance en première ligne ! Pas le temps de cogiter là faut plonger et faire sa place. Et c'est loin d'être évident. J'en prends *littéralement* plein la tronche. J'ai beau ne pas avoir de difficulté dans l'eau genre angoisse tout ça là je vais passer 300 ou 400 mètres à ne pas pouvoir en placer une, la tête plongée régulièrement sous l'eau par ce que je ne peux que qualifier à ce moment là d'assaillants. C'est une vraie boucherie il y a des bras et des jambes partout, j'ai du mal à me ventiler, de toute évidence je m'asphyxie avant même la première bouée. Heureusement pour moi ça va se calmer car je finis par m'extraire un peu de cette densité de nageurs furieux. Je me mets finalement dans mon rythme et aborde la fin de la première boucle en ne voyant plus un seul nageur autour de moi, sinon devant évidemment. Le petit groupe qui me précède a un peu trop d'avance pour que je revienne sur eux et je n'ai pas d'autre groupe en vue...ou plutôt je devine que je suis en tête du suivant car j'ai un indicateur infaillible: ce nageur/rémora qui reste dans mes pieds et s'en assure en les effleurant tous les 3 ou 4 mouvements...agaçant.

La sortie à l'australienne me coupe un peu le souffle et il me faut une à deux minute pour me remettre dedans. Les vagues sont de la partie sur cette seconde boucle, mon tambourineur de pied me suit toujours et je commence à me sentir vraiment bien. Je sens que j'avance vite (attention c'est relatif), je m'imagine pas mal classé et tout ça sans être dans le rouge. Ca se présente bien quoi. Petit bémol quand même il me vient une envie pressante et, bien que dans l'eau, je ne parviens pas à me « libérer ». Je ralentis même sérieusement à plusieurs reprises mais c'est manifestement au dessus de mes capacités alors tant pis on verra plus tard. Dommage ça l'aurait peut être calmé lui là juste derrière qui me caresse les pieds. Sur les 200 derniers mètres j'appuie un peu plus fort et sort de l'eau à ma montre en 38'50...waow C'est largement mieux que ce que je pouvais imaginer et ça témoigne des progrès réalisés dans cette discipline cette année.

Je rentre dans le parc à vélo en 39'18 et 18ème position, ce que je ne sais pas à ce moment là même si je comprends que la tête de course n'est pas si loin au vu des noms que le speaker annonce, Antoine Perche notamment qui sort du PAV. J'ai l'impression de faire une bonne transition, bien mieux préparée qu'à Lacanau et pourtant, au vu du classement final, tout le monde me met 30 ou 40 secondes sur cette partie...Grrrr !

C'est maintenant parti pour 3 boucles de 27kms. Je ne m'acharne pas trop sur les premiers kilomètres pour laisser l'organisme gérer la transition musculaire (et l'oreille interne s'habituer aussi car je fais un ou deux écarts qui manquent de peu de m'envoyer au tapis). Et puis une fois que le rythme est pris j'y vais: le plus aéro possible et en essayant de rester dans les 280W et surtout 85rpm. J'avance pas mal et reprends quelques coureurs meilleurs nageurs que moi. Je dois me faire doubler un peu mais je n'ai que souvenir de deux mecs qui me doublent nettement, d'ailleurs ce sont les seuls que je ne reprendrai pas avant de poser le vélo. Je reviendrai sur tous les autres à mon rythme dans les tours 2 & 3.

Le bike se passe bien il faut gérer les 3 ou 4 bosses du milieu qui ne passent pas inaperçues et les différentes relances présentes sur le parcours. Je fais chaque fois l'effort pour bien me repositionner mais forcément c'est de moins en moins confortable. Les watts ont l'air de sortir comme il faut donc je ne m'inquiète pas même si la moyenne est un peu moins haute que prévue (36.8kms/h sur le parcours). J'essaye vaguement de me soulager sur le vélo puisqu'il parait que certains y arrivent mais décidément rien n'y fait j'ai besoin d'un coin tranquille quoi, je remets donc à plus tard. Plus sérieusement les deux points les plus importants sont #1 l'alimentation/hydratation sur laquelle je m'applique, non pas pour sortir un vélo correct car a priori c'est en bonne voie, mais surtout pour être en mesure de courir convenablement ensuite. Je suis donc mon plan de marche avec une rigueur germanique sur ce sujet. #2 la tête...voilà j'avais été plus ou moins prévenu mais le fait est que je ne suis manifestement pas trop mal classé. Je ne sais pas vraiment mais au vu de la densité de cyclistes je m'imagine dans le top 20...et c'est vrai que je ne peux donc pas m'empêcher de ne pas me sentir vraiment à ma place moi qui ne suis que partiellement triathlète sur une course que l'on m'a vraiment vendue comme dense. Donc inconsciemment j'ai parfois tendance à m'endormir un peu sur le vélo et c'est au mental qu'il faut que je relance. Sur la fin du parcours je rattrape les deux premières féminines parties 10 minutes plus tôt que nous, elles sont l'une derrière l'autre, un joli duel s'annonce. Je pose le vélo en 2h11 et 18ème position (24ème temps).

Au vu du PAV je suis effectivement bien classé, pas de vélo par ici tous les emplacements sont vides (sauf 17 de toute évidence mais ça ne se voit pas). Encore un bon motif de satisfaction d'autant que je me sens bien et suis confiant pour la cap. Enfin si j'arrive à faire cette fichue transition ! La montre reste coincée, du coup je m'énerve, tire comme un goret sur les bracelets, arrache le tout et en oublie même de mettre mes chaussettes ! Tant pis j'ai perdu assez de temps j'y vais comme ça ! Là encore je perds 30 secondes sur tout le monde...merde c'est Arturo Brachetti les mecs ou quoi ?!

Allez c'est parti pour deux boucles de 10kms. Dernière partie et, normalement, pas la plus compliquée pour moi. Sauf que le souvenir douloureux de Lacanau est encore là alors j'angoisse à mort. Qui plus est les 2-3 premiers kilomètres montent légèrement donc le pace est pas aussi rapide qu'il l'est en général en post T2 quand on carbure à mort avant que le corps ne se rappelle à notre bon souvenir. Ce qui motive en revanche ce sont ces autres coureurs visibles sur la ligne droite devant moi et la certitude que je vais tous les reprendre. Je tourne à 3'55/km et reviens effectivement assez rapidement sur un coureur, puis deux, trois, quatre...génial. Bon s'agit aussi de ne pas exploser et gérer les 20kms alors dès que l'occasion se présente je m'asperge abondamment, glisse une éponge sous ma casquette et prends, quand je le peux, un verre de coca. Au premier tapis (km5.2) je n'ai que le 4ème temps de passage mais c'est justement le moment où je commence à retrouver un peu d'aisance. J'aurais mis un moment à me mettre vraiment dans mon rythme mais là ça va. J'allonge un peu pour finir cette première boucle du coup et chope un chouchou quand le speaker annonce mon nom associé à un top 15...là je prends conscience du classement. Jusqu'ici tout n'était qu'hypothétique mais là ça me booste bien, d'autant que je vois que mon rythme n'est pas le même que celui de mes acolytes. J'attaque la deuxième boucle tambour battant, enfin dans la mesure du possible vu la chaleur et de nouveau ces kilomètres défavorables. Je mets un moment à revenir sur un grand gaillard qui a une bonne foulée (Alex. Florimond a priori). Quand je le double on échange un ou deux mots pour se confirmer que nous sommes tous deux dans la dernière boucle...enfin il échange moi je ne peux pas en placer une je suis #1 concentré #2 a moitié mort. La fin se complique un peu pour moi d'ailleurs: quelques début de crampes à gérer, un rythme qui devient difficile à tenir, la chaleur qui commence à m'user sérieusement et des ampoules au pied qui se manifestent un peu trop (bah oui à partir sans chaussette andouille) Mais pour autant l'odeur de l'écurie me permet de maintenir mon effort et je grapille encore une ou deux places dans les derniers kilomètres pour arriver (enfin) sous l'arche d'arrivée tout surpris de m'entendre être annoncé 9ème quand je franchis la ligne...le speaker m'arrache quelques mots mais j'ai trop besoin de respirer pour parvenir à lui répondre vraiment. Je termine donc en 1h17'31 sur la cap avec le 2ème temps derrière celui Antoine Perche, vainqueur de l'épreuve qui s'est manifestement arraché pour aller chercher cette victoire après avoir posé en 2ème position.

Au vu de ce qu'on m'avait présenté, et force est de constater que plusieurs noms sérieux étaient présents aujourd'hui, je ne m'attendais vraiment pas à faire un top 10 ici ! Hormis les transitions et particulièrement T2 la course me laisse vraiment beaucoup de motifs de satisfaction et c'est extrêmement motivant. Quand il faut monter sur le podium (oui oui ici quand on est 9ème on monte sur le podium c'est comme ça) je suis vraiment hyper content. Je monte en silence car malheureusement je suis le seul représentant du TSF (et l'US Ivry qui aurait pu donner de la voix est déjà reparti depuis les formats courts de la veille). Mais qu'importe je kiffe à mort d'être là et profite un maximum. Signe que la préparation pour Haugesund porte ses fruits, les progrès sont là et on va continuer de bosser avec Chris pour faire quelque chose de bien là bas. Je me suis un peu surpris ici aujourd'hui, j'espère renouveler ça d'ici quelques semaines !

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