Je me pointe un peu en touriste sur la ligne de départ. Une semaine après le marathon de Tokyo je ne viens que pour participer à la fête, aucune ambition bien entendu. Pourtant à force de croiser du monde, et pas seulement Haile Gebreselassie, dans le sas de départ l'euphorie m'atteint un peu et au moment du coup de feu je fuse comme si je n'avais pas une seconde à perdre.
Je pars un peu vite en effet mais très vite je me cale sur un rythme proche de mon allure marathon autour de 3'33-3'35/km. Je perds quelques places évidemment mais je sens déjà rapidement au bout des premiers kilomètres que la fatigue musculaire est encore là. Heureusement il n'y a que 21kms aujourd'hui ! Qui plus est je bénéficie de beaucoup d'encouragements et ces petits mots de soutien glissés au fur et à mesure de kilomètres me font oublier le manque d'aisance physique. Je vivotte ainsi à mon rythme jusqu'au 6ème kilomètre où un groupe me reprend sans suffisamment d'écart d'allure pour que je ne me joigne à eux. Là la course devient facile je reste dans le rythme, un peu en retrait, même si parfois les encouragements en bord de route me font sortir de ma réserve et passer en tête de liste. Je reviens systématiquement au 2ème rang assez rapidement. Nous passons tous ensemble le 10ème kilomètre en 35'40, jusqu'ici tout va bien je suis même ici beaucoup plus rapidement que je ne l'aurais imaginé, à peine 8 jours après le marathon.
Sans que je ne m'en rende vraiment compte je me retrouve aux avants postes et le groupe s'étiole doucement. De mon côté je me dis qu'il ne reste, déjà, plus grand chose à parcourir et force peut être un peu l'allure sans m'en apercevoir. Ou alors ce sont les premiers effets de ces kilomètres un peu moins favorables sur mes acolytes. Toujours est il que nous ne sommes que 4 ou 5 dans la la rue de Charenton puis le début de la montée de Gravelle, je me sens plutôt bien même si les kilomètres commencent à peser. Le rythme est toujours autour de 3'35/km Je connais par coeur les 5 ou 6 kilomètres restants pour les avoir faits quasi quotidiennement ces derniers mois. Sans vraiment que le rythme n'accélère nous ne sommes que 3 une fois sur le plateau. Un passant nous annonce autour de la 108ème place, le top 100 est jouable. J'attends patiemment le 18ème kilomètre en me disant qu'accélérer plus tôt ne fera que générer de la fatigue inutile, le chrono étant de toute manière accessoire aujourd'hui. Justement il approche, j'encourage un peu Thomas qui est avec moi depuis la mi-course, je le sens un peu en difficulté en cette fin de parcours, et profite du virage vers l'hippodrome pour lâcher les chevaux.
Je pensais grapiller gentiment 3 ou 4 secondes au kilomètre mais finalement les jambes répondent bien et je passe 3 bornes à ramasser du monde. Je tourne autour de 3'20/km et rattrape beaucoup de coureurs. Aucun n'est en mesure de me suivre donc je poursuis ma remontée le long de l'hippodrome, puis sur la route de la pyramide en surveillant l'approche de l'arrivée. Je viens passer la ligne sans souffrance et à bon rythme après 1h14'44 de course.
Je me classe 72ème et signe tout de même un bon chrono pour un marathonien en récup. Néanmoins mieux vaut ne pas pécher par excès d'enthousiasme et accorder au corps quelques semaines de repos.