Le hasard fait bien les choses parait-il, preuve en est mon arrivée à Pralognan la Vanoise en ce 03 août car nous sommes la veille d'une épreuve locale dont les affiches tapissent la ville. Le trail "sur les traces du Bouquetin", animal symbôle de la cité est sur tous les réverbères. Au programme 16kms et 700m de D+, pas une mince affaire mais les signes du destin ne trompent pas et une telle occasion ne se laissant pas passer je me présente le lendemain sur la ligne de départ.
Inscrit de dernière minute, sans prépa après une semaine dans le Tarn à boire des bières je ne compte pas briller mais j'espère ne pas faire que de la figuration. Disons qu'un top 10 ne serait pas trop mauvais pour l'égo. Nous sommes 83 à partir et je trouve le départ assez lent, mais très vite la Savoie me rappelle à l'ordre. Pas moins de 150m de D+ sur le 1er kilomètre, ça grimpe sec et je laisse partir un trio de tête que personne ne reverra. Nous descendons ensuite vers le hameau de la croix pour attaquer les, sérieuses, hostilités. Ascension de la corniche de la croix, près de 250m de D+ à s'avaler en très peu de kilomètre, je comprends assez vite que courir ne sera pas possible et pose les mains sur mes cuisses pour m'aider à marcher. L'ascension est longue et rude et cette marche n'est pas reposante du tout. Je perds quelques places mais rien d'alarmant, nous ne sommes qu'au 3ème kilomètre ! La descente est parsemée de pierres qu'il convient d'éviter si je veux préserver mes chevilles en carton. Je suis ici pour une semaine de rando en famille ça serait dommage de s'abimer dès le 1er jour. Je vois d'ailleurs un concurrent mettre le clignotant pour cause d'entorse juste après m'avoir doublé. D'après mes comptes je suis 11ème, ça cavale sévère devant. La descente terminée nous entamons la route des Prioux en commençant par Cholière, là encore pas mal de D+. Puis la pente s'adoucit, ça continue de grimper certes, mais le chemin des Prioux est moins pentu, sauf que le soleil se joint à la partie...dur, dur. Je reprend un concurrent et entre dans le top 10.
Cette route des Prioux est longue mais j'en viens à bout, je dépasse un peu le village pour prendre le pont et traverser l'Isertan afin de reprendre la route de Pralognan. Un concurrent me talonne j'essaie de bien relancer dans la descente. 1,5kms de route et 150m de D- font du bien à mes jambes et mon moral mais le poursuivant est toujours sur mes talons. Une fois dans un sentier pierreux je le laisse me reprendre et m'accroche à sa foulée pour n'avoir à concentrer mon esprit que sur mes appuis et non plus sur les traces bleues qui balisent le parcours. Nous arrivons dans le camping de Pralognan, plus que 3kms et 150m de D+. Il nous faut monter à la cascade de la Fraiche et redescendre en centre-station. Dans l'ascension cette fois je cours, petites foulées mais foulées tout de même. Ceci me permet de reprendre mon adversaire et de le laisser bien en arrière. En revanche sur la fin de l'ascension je retrouve tous mes prédécesseurs en visuel, saupoudrés sur le mur à gravir, les mains sur les cuisses. Je fais de même et marche du meilleur pas que je peux. Une fois devant la cascade je sais qu'on ne me reprendra plus, je sais aussi que je ne reprendrai personne. Dernière descente à fond de cale en maitrisant mes appuis et me voila en ville. Je cherche ma famille du coin de l'oeil et les vois tous massés devant l'arrivée. Je franchis la ligne sous leurs applaudissements en 1h29. 10ème sur 83, le premier franchit la ligne en 1h20.
Une petite course imprévue réalisée au pied levé avec de superbes paysages mais difficile tout de même et des portions de D+ qui rendent humble.
Photos: Karin Doorn