Half IM de Vernon

A Vernon aujourd'hui c'est coup double côté inauguration. Le club des Lions organise pour la première fois son triathlon, formats sprint et half IM au programme, tandis que de mon côté je m'aligne pour la première fois sur un triathlon format long, la moitié d'un ironman. Soit 1.9kms / 90kms / 21.1kms. Les conditions ont l'air réunies pour que la course se passe bien, le staff débute, le triathlète aussi, normalement ça devrait coller.

A première vue l'organisation tient la route, le parc à vélo est au milieu des cailloux alors que le site présente des stades et espaces verts dans tous les coins certes mais celui ci semble bien surveillé. Des arbitres officiels font leur office, les motos sont prêtes, tout à l'air d'aller. Bon ok le départ est donné avec 30' de retard mais le relai du parc à vélo entre le format sprint de la matinée et celui qui m'attend en est le responsable. Voila qui donnera des pistes d'améliorations pour l'an prochain. Briefing du staff qui nous apprend que la natation se fera pour moitié en sens inverse du courant, le long de la rive, avant de revenir, un peu plus au centre du lit de la Seine, avec le courant dans le dos.

Je me mets à l'eau, m'éclabousse, m'échauffe, l'eau est bonne mais je constate qu'il y a du jus. Près de la rive le courant diminue évidemment mais ce coin est pris d'assaut. Je m'écarte un peu et me maintiens au niveau de la ligne de départ en attendant le starter qui tarde un peu. Je récolte ainsi près de 10' à brasser sur place pour maintenir ma position. Enfin le départ est donné, tout le monde s'élance et ça castagne sévère dès le début pour se rabattre à gauche, près du bord. Je prends le pli de rester un peu plus longtemps que d'autres à l'écart mais le courant ne me permet pas de remonter assez de places. Assez vite je remarque que beaucoup de nageurs ont pied près du bord, des bouées auraient été utiles pour éviter de trop s'approcher. Ces concurrents marchent tout simplement, et ils vont plus vite que moi. J'insiste un peu sur mon crawl mais je comprends rapidement que tout le peloton est en train de me doubler, à pieds ! Aussi je me joins au groupe et marche, en pestant avec les autres, mais je marche tout de même. La mascarade dure 500-600m avant d'arriver au point de demi-tour. Là je peux enfin nager correctement, j'ai l'impression que le courant aide tous les autres sauf moi évidemment mais je m'applique. Je rejoins la sortie assez facilement en 21' (sic !) hors transition, je pense honnêtement qu'une vraie natation m'aurait permis de sortir en 30-31'.

Pour rejoindre le parc à vélo il faut traverser un terrain de foot, de mon côté je le fais deux fois car j'oublie ma montre donc j'ai droit à un aller-retour gratuit. Etant donné que tout le monde sort de l'eau à peu près en même temps compte tenu de la marche aquatique je ne bénéficie pas du petit avantage dont je dispose généralement en montant sur le vélo. Stéphane est à côté dans le parc, je le vois partir une minute avant moi.

Le parcours vélo démarre par une bonne côte de 800m avant d'enchainer sur un boucle à faire 3 fois. J'ai déjà repéré le parcours donc ai bien en tête les difficultés à venir. Je sais aussi que le vélo n'est pas mon atout majeur et qu'il y a 90kms à se cogner donc je me mets dans l'état d'esprit d'y aller mollo car il faut tenir la distance. Premier tour donc avec en tête la volonté de pas se mettre dans le rouge. Néanmoins je constate que j'avance bien malgré le vent qui souffle, je suis autour de 30kms/h. Cela me semble un peu élevé pour moi mais je n'ai pas l'impression de forcer. Evidemment (sic !) je n'ai absolument rien pour me nourrir sur le vélo et sur le deuxième tour j'accuse un peu plus le coup, pas immédiatement mais au fur et à mesure de la boucle et du temps qui passe je sens les difficultés. Je suis toujours dans la moyenne des 30kms/h mais la facilité en moins. Plus ça va plus j'avance un peu comme un robot. Malgré ma volonté de partir tranquille je comprends que je paye mes efforts du 1er tour où j'aurais du me forcer à lever le pied. Toujours rien à me mettre sous la dent, je me prends à rêver de pizzas, de rumsteack...la fringale guette. En revanche je m'hydrate correctement, tellement que je suis d'ailleurs obligé de faire un arrêt technique au début du 3ème et dernier tour. Ce dernier tour justement est un calvaire, un long et lent calvaire. La moyenne chute, l'énergie n'y est plus. Le vent me scotche à la route, mon vélo zigzague au moindre embryon de côte. Je monte les difficultés sur mon plateau de 34 et grand pignon (30), autrement dit je mouline un max. Il y aurait des pignons plus grands je les passerai également. Je n'ai vraiment plus de force, j'ai du mal à me mettre sur le prolongateur. Je crains l'erreur de lucidité qui m'enverrait dans le fossé...le fossé j'y pense aussi, je ne suis pas loin d'y jeter mon vélo et d'attendre le camion-balai. Je suis vraiment dans un état de fatigue avancé mais je parviens à boucler le parcours, je fais la dernière descente dans un état second, ma bonne étoile est avec moi et il ne m'arrive rien mais ça n'était vraiment pas prudent. Fin du vélo en 3h05, je pose le pied à terre et n'envisage pas une seconde être capable de courir un semi-marathon maintenant.

Je dépose mon vélo, mange une banane en changeant de chaussure, c'est ma seule nourriture de toute l'épreuve et c'est clairement une des grosses erreurs commises. Je chausse mes chaussures en me disant qu'il faut bien tenter le coup, je sors du parc en marchant.

4 boucles d'environ 5kms au programme, intégralement sur l'herbe donc avec un rendement assez faible. Des coureurs dans tous les coins avec un ou deux colliers autour du cou parfois. Je commence à trottiner, la fatigue est là certes mais je m'en sors pas trop mal. Je regarde le chrono du 1er kilomètre, 5'00, puis décide de ne plus trop considérer l'aspect chronométrique qui risque vraiment de me déprimer. Je rattrape des coureurs, pas mal même, mais j'ai l'impression de me trainer. Je me dis qu'il me faut faire ce premier tour tranquille en trottinant car la route est longue. Je remarque beaucoup, beaucoup, de coureurs en difficulté. Ils marchent, s'étirent sur le côté...la chaleur n'est pas caniculaire mais le départ à 13h30 n'a pas aidé et je ne suis pas le seul à être proche du KO technique. J'approche la fin de mon 1er tour quand je croise Stéphane, un collier autour du cou, je n'ai même pas la force de lui échanger une parole. Un petit tour sur le stade et le voila mon collier, Stéphane a une demie-boucle d'avance ça sera compliqué de le rattraper. Lors du deuxième tour je me remercie d'y être allé doucement sur le premier car les jambes commencent à coincer un peu, mais maintenant que je suis lancé je m'accroche. Je ne pense plus une seconde à laisser tomber je sais que ce sera dur mais que j'irai au bout. Je croise de nouveau Stéphane qui termine son deuxième tour, son avance diminue. Les kilomètres passent doucement et je récupère mon deuxième collier. En route pour le 3ème tour, il est difficile à négocier celui ci. Je ne regarde plus les gens que je croise, je suis dans le vague. La boucle me parait de plus en plus interminable, je découvre des immenses portions qui me semblait être faites de quelques foulées sur les tours précédents. Quand je passe mon 3ème collier autour du cou je sais que je touche au but, mais c'est difficile de repartir, je fais une pause de quelques secondes au ravitaillement pour avaler, comme sur chaque boucle, quelques abricots, un verre d'eau...le minimum syndical pour avoir un peu de force. Voila de nouveau Stéphane, son avance me semble encore trop large pour être avalée dans ce dernier tour bien qu'elle ait nettement diminuée. Néanmoins il y a peut être une chance donc je maintiens mon rythme en espérant que cela paye. Je sais qu'à 2kms de la fin il y a un virage qui me permettra de voir assez loin devant, je pourrais faire le point sur mes chances de le rattraper à ce moment là. Quand j'y suis je le vois justement à 400m, j'essaye de ne pas le regarder pour qu'il ne se sente pas menacé mais il me fait signe. Son allure est celle de quelqu'un en difficulté, je le rejoins assez vite, son tour de rein semble l'avoir rattrapé. Je poursuis ma route vers l'arrivée tant attendue. Cette "course-poursuite" m'a permis de vivre ce dernier tour sans penser à mes douleurs mais en approchant de la ligne je sens mes jambes durcir, se contracter, les crampes sont là et il est vraiment temps d'en finir. Je passe la ligne après un semi-marathon en 1h39. Je n'ai qu'une envie: me jeter par terre, à l'ombre, et dormir. Temps total: 5h13

Compte tenu de la pseudo natation ce temps n'est pas vraiment recevable mais mon objectif était de boucler l'épreuve en 5h30, même en ajoutant 10' je suis largement dedans. L'objectif est atteint donc mais ce fut vraiment difficile, impossible pour moi de me projeter actuellement sur un format plus long. Je termine 106ème sur 212, à 1h04 du 1er.

Photos: Vernon-Web, CB2000

Le 20 Jun 2013 Arthur a dit:

Avoir galéré, mais finir et dans les clous provisionnels c'est ça la réussite.
30 dents a l’arrière (Tu as monté les pignons de ton VTT?) tu es équipé pour faire le tri de l'Alpe d'Huez. C'est en Juillet il n'est jamais trop tard.
Je ne serai que t'encourager a doubler la distance. Si il faisait chaud a Vernon aies une pensée pour moi a Cairns sous les tropiques.
Je résume, des gels sur le cadre, de la boisson électrolytique, un mental en carbone pour le vélo et tu es bon pour IM Nice ou consort.

Le 21 Jun 2013 ricoulélé a dit:

une banane seulement! t'es un doux dingue toi! lol
bravo pour ce chrono!

Le 16 Jul 2013 Enzo a dit:

Moi j'dis bravo .. tu portes du ZOOT ;))

Non sans blague, ce qui interpelle à la lecture de ton CR
c'est la difficulté sur le vélo ... et tu m'étonnes avec
rien à bouffer ! Incompréhensible ..
Il faut manger au moins toutes les 20' et j'te parle même
pas de la boisson iso d'autant plus quand il fait chaud.

Allez on va dire que çà ve te servir de bonne expérience.

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