Les 20kms de Maroilles

Retour à la compétition 5 mois après mon dernier dossard, quelques mois d'arrêt et une reprise effective seulement depuis 5 semaines à raison de 2 voire 3 séances hebdos ne me permettront clairement pas d'être au top mais je saurai au moins où j'en suis. A chaque bébé c'est la même chose finalement, je coupe complètement pendant au moins un trimestre et je reprend par un 20kms un mois après mon retour en runnings...en 2009 les 20kms de Paris s'étaient péniblement terminé en 1h24, en 2012 j'ai bon espoir de faire un peu mieux ici sur un parcours pourtant plus difficile.

Le départ est en descente et je suis dans le premier sas derrière les élites...pas beaucoup d'incitations à la prudence donc. Sachant que les départs tempérés ne me caractérisent pas vraiment je me concède à moi même un départ peut-être un peu emballé sur les 200m de descente avant de me contraindre, en guise de compensation, à plus de retenue ensuite. Les starters font ce qu'ils peuvent pour nous motiver et déjà je renoue avec des sensations perdues depuis un moment déjà, le dossard sur le plastron, les soubresauts sur place dans le sas, les regards réguliers sur ma montre et puis...Pan ! Je m'élance d'emblée étant bien placé et me retrouve immédiatement envahi par un soulagement, celui de la fin d'une période de disette capesque surement. Sourire aux lèvres je profite allègrement de mes 200m puis laisse, sagement, filer le peloton. 3'25 au passage du premier kilo, j'ambitionne au mieux une moyenne de 4'05/km et a minima 4'10/km donc je n'ai aucun scrupule à laisser filer les nombreux coureurs qui passent. Deuxième kilomètre et déjà une première côte, je passe en 4'12 c'est surement encore un peu au dessus du rythme compte tenu du dénivelé mais j'atteins, déjà, les 194bpm...un peu sceptique je m'efforce de ne pas m'en inquiéter. 3ème kilomètre en 3'51, encore trop vite et d'ailleurs pas forcément à l'aise donc je lève ostensiblement le pied pour me sentir mieux et me mettre dans l'allure cible. J'attends également que Manu, un des 6 coureurs du XVème Athletic Club présents aujourd'hui, me reprenne. 15 jours après son marathon de Paris en 2h56 il a normalement les armes pour faire mieux que moi aujourd'hui. Il me reprend au 4ème kilomètre couru en 4'04, je le suis pendant 500m mais le laisse rapidement partir car je commence à sentir de mauvaises sensations (195bpm). Finalement il ne prend que 50 à 80m d'avance et je le suis à distance pendant un bon moment, les paysages champêtres de Maroilles envoient du bucolique à grandes foulées et le soleil commence à chauffer sérieusement la calebasse. Je ne me sens pas vraiment très à l'aise mais je tiens mon rythme au fil des kilomètres (5ème en 4'03, 6ème 4'08, 7ème 4'07).

La route nous ramène dans le village de Maroilles où attend une foule considérable, jusqu'ici quelques campeurs équipés de tabourets nous regardaient passer depuis le bord des routes mais dans le village c'est tout à fait autre chose. Ca galvanise son bonhomme et malgré la gentille ascension qui nous est offerte je me vois reprendre quelques mètres à Manu (8ème kilomètre en 4'12) mais le paye ensuite par un impitoyable 201bpm qui me laisse un peu scotché une fois en haut. La descente aide néanmoins à bien faire baisser les pulsations mais Manu reprend ses quelques décamètres d'avance. Je passe sans le voir le 9ème kilomètre et attend impatiemment un panneau pour reprendre un peu le moral...le retour sur le plat fait mal. Finalement je passe le 10ème kilomètre en 40'15, bien dans mes temps (8'09 sur les kms 9 et 10). Néanmoins le goudron un peu chaud et peu régulier me semble bien décidé à freiner ma progression, je ne suis qu'à mi-parcours mais je commence à bien piocher. Moralement je me convaincs de tenir au moins jusqu'au deuxième tiers de course à ce rythme avant de juger bon, ou non, de continuer ou de le pouvoir. 11ème kilomètre en 4'09 tout de même ça promet d'être long jusqu'à l'arrivée. Le parcours ne me semble jamais vraiment plat et j'ai plutôt l'impression désagréable d'être en constant faux plat ascendant. 12ème kilomètre en 4'09 également et impossible de descendre sous les 196bpm, je frôle même régulièrement les 200bpm. Je me rassure tout de même en voyant quelques coureurs jeter l'éponge sous l'effet contigu du dénivelé et de la chaleur. Je constate également que Manu reste inlassablement à seulement 50m de mes runnings mais dans le même temps je me rappelle la fameuse côte du 16ème kilomètre. Je l'avais presque oublié celle là et pourtant elle arrive bientôt, je ne sais pas exactement à quoi elle ressemble mais beaucoup en parlent donc il y a fort à parier qu'il ne s'agisse pas seulement d'une petite bosse. Paradoxalement c'est à ce moment là, vers le 13ème kilomètre (4'04), que je retrouve de bonnes sensations. Je commence doucement à reprendre du monde et vois que finalement je tiens toujours mon rythme, j'envisage même de revenir sur Manu c'est dire !

Au 14ème kilomètre je le vois s'éloigner un peu, le bougre a du en garder sous le pied pour le dernier tiers de course...j'ai été leurré. Avec du recul maintenant je m'aperçois que c'est surtout moi qui ait été moins bon à ce moment là, 4'13 alors que le dénivelé donné par ma montre est quasi nul (+8m/-4m). Heureusement ça ne dure pas et je passe le 15ème kilomètre au côté de l'homme en orange qui me précédait jusqu'ici (4'10). Mes puls sont toujours très hautes (197bpm) et je vois la côte se pointer mais à présent je ne peux plus vraiment faire grand chose si ce n'est serrer les dents. Je cesse donc de parcourir la campagne du Nord des yeux pour me plonger dans le gris du bitume qui défile, lentement, sous mes pieds. Très vite Manu me décroche mais je sais qu'une fois en haut si je ne prends pas trop de retard je pourrai revenir sur lui. 4'46 au 16ème kilomètre et un petit 202bpm pour fêter ça, allons y gaiement sur les plus de toute façon maintenant. J'ai un peu de mal à repartir et j'avoue que le moulin et le charme pittoresque de la paroisse Maroillaise me passent un peu au dessus à ce moment précis. Je parviens à m'accrocher, boucle le 17ème kilomètre en 4'08 et reprend Manu...ouf ! Objectivement je sais à ce moment là que c'est gagné, il y a peu de chance que je fasse plus de 4'10 et je serai assez proche des 4'05 de moyenne, je sais également que Manu aura du mal à me reprendre, l'avantage psychologique est souvent à celui qui passe devant et le fait qu'il en soit là signifie très probablement une défaillance physique de son côté. Ca n'en rend pas moins difficile la fin de cette course et je m'attelle à maintenir un rythme acceptable mais je ne passe quasiment plus sous les 200bpm et le yoyo commence quand même à surchauffer. 4'07 au 18ème kilomètre, puis 4'03 au 19ème...cette fois c'est plié. Je reviens dans le village, les supporters sont là, je sais que dans le tas certains sont attentifs aux maillots du XVè donc je tâche de ne pas trop grimacer mais j'atteins tout de même les 206bpm dans ce dernier kilomètre malgré un dénivelé très favorable. Quelques virages et puis je reconnais l'arrivée, il s'agit de finir bien à présent. J'allonge un peu sur les derniers hectomètres et passe la ligne en 1h22'05 (dernier kilomètre en 3'50). L'arrivée soulage tout autant que le départ finalement.

Plutôt très satisfait de ma course, finalement pas trop mal gérée. Encore très haut en plusations je maintiens tout de même une moyenne de 4'06 ce qui est quasiment l'objectif, j'aime croire que la côte me coute un peu plus que cette seule seconde de trop. Globalement content en fait, la reprise s'annonce sous des auspices au moins aussi bons qu'en 2009, il reste encore beaucoup de travail avant de retrouver mes vrais chronos mais celui d'aujourd'hui me plait déjà bien. Je termine 118ème et 68ème SH la course est tout de même assez relevée. Joli parcours champêtre en tous cas, une belle côte et trois passages dans un village qui flaire bon le fromage ça mérite vraiment le détour !

Photos: Photo21,

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