Semi-Marathon de Boulogne

Pluie et vent au programme pour ce qui doit devenir mon meilleur chrono sur semi en ce dimanche de Novembre. Pour ne rien arranger mon talon droit fait des siennes depuis quelques jours et j'en suis à espérer qu'il me laisse finir la course avant de me pencher sérieusement sur son cas. Une minute avant le départ la pluie se met à tomber, il est temps d'en découdre.

Départ facile où je ne m'emballe pas et essaie de me greffer à un groupe de coureurs pour pouvoir m'abriter du vent une fois sur les quais. 3'27 au premier kilomètre, c'est un peu rapide mais simplement l'euphorie du départ, je reste donc avec les quelques coureurs qui m'entourent dont Gilles Bousquet l'Herblaysien et un coureur du VRC que j'avais déjà accompagné sur Paris-Versailles il y a quelques semaines. J'espère pouvoir tourner le plus longtemps possible à 3'36 de moyenne, aussi je passerai mon temps à calculer mon avance/retard éventuel en fonction de mes temps de passage. En passant le deuxième kilomètre en 3'39 j'en suis donc à me dire que j'ai tout de même 6" d'avance sur l'objectif pour le moment. Le parcours n'étant pas du tout bucolique et la météo plus que capricieuse je n'ai aucun scrupule à me mettre à faire ces additions. 3'39 également au troisième kilomètre, l'avance fond comme neige au soleil et notre petit groupe se scinde, je fais partie de ceux qui accélèrent comme les trois coureurs du VRC tandis que Gilles reste en retrait. Je tâche tant bien que mal de m'abriter du vent qui nous souffle droit dessus et reprend mes calculs en passant le 4ème kilomètre: 3'38...décidément ! Plus aucune avance donc, ma moyenne correspond exactement à 3'36 jusqu'ici soit un chrono final estimé de 1h16'00. C'est l'objectif du jour ce chrono, même si une ou deux secondes de moins seraient bienvenues histoire d'afficher un 1h15, mais les conditions sont loin d'être parfaites donc un chrono inférieur à 1h16'30 serait déjà une perf...d'autant que pour le moment mon record est à 1h17'45 je ne pourrais qu'être satisfait de l'améliorer. Ces considérations m'emmènent jusqu'au 5ème kilomètre: 3'37, puis 6ème: 3'35 où mes calculs tendent toujours vers un 3'36 de moyenne. Tant d'extrapolations alors que je n'ai même pas couru le tiers de la distance devraient m'amener à réfléchir sur ma capacité à ne pas craquer en fin de parcours mais je n'y prête pas attention et passe le 7ème kilomètre en 3'38. Nous venons tout juste de faire demi-tour grâce à une légère incursion dans Boulogne et reprenons les quais dans le sens inverse. La différence est nette puisque je passe le 8ème kilomètre en 3'28. Deux petites côtes cassent un peu le rythme du 9ème (3'41) puis les quais nous emmènent sur une portion où le vent souffle de côté. Nous reprenons à ce moment là un petit groupe de coureurs, dont la dernière des kenyanes alignées au départ et mes acolytes du VRC en profitent pour accélérer sensiblement. Je ne cherche pas à les suivre, ils sont tous deux plus forts que moi et je risquerais surtout d'exploser dans le dernier tiers. Je passe le 10ème en 35'55 (3'34), chrono très satisfaisant (FC moyenne autour de 188bpm pour le moment), sous les encouragements de Fred et Baltha venus à grands renforts de zooms et autres téléobjectifs pour photographies pluvieuses. Arrivés au 11ème (3'36) il nous faut faire un demi-tour assez sec et relancer face au vent pour attaquer la seconde boucle.

Personne ne cherche à prendre vraiment les devants dans notre petit groupe et nous parvenons au 12ème sans maintenir véritablement le rythme (3'45)...j'essaie alors de partir en accélérant un peu mais le vent me retient et j'emmène tout le monde jusqu'au 13ème où le chrono s'annonce aussi désastreux: 3'46. Je sais qu'à ce rythme ce sera de toute façon foutu et que ces 20" perdues en seulement deux kilomètres ruinent quasiment mes chances de faire moins de 1h16'30, le seul moyen pour moi de conserver un chrono honorable c'est de finir tout seul. J'accélère donc très nettement pour décrocher mes poursuivants et me retrouve absolument seul, face au vent. Au prix de plusieurs efforts le rythme revient sur les kilomètres suivants (3'35,3'37,3'38,3'35) mais je sens que je commence à sérieusement piocher. La FC ne redescend plus sous les 190-191bpm. Je reprend les quais en sens inverse et fais mon possible pour relancer mais je ne fais que limiter la casse: 3'40 au 18ème, 3'40 au 19ème...les côtes, petites pourtant, passées au premier tour sont cette fois un supplice. J'essaie de ne plus penser à rien, je m'efforce de limiter la casse pour ne pas finir en plus de 1h17. 3'47 au 20ème ça devient catastrophique. La pluie, Fred qui m'encourage, le virage à droite, l'interminable ligne droite, Baltha et son fils qui donnent de la voix...tout se mélange je commence à n'en plus pouvoir. Où est ce 21ème kilomètre ? Où est l'arrivée ? 193bpm au compteur et plus de 1h16 déjà au chrono quand je vois, enfin, l'arche d'arrivée après un ultime virage. 3'35 au 21ème kilomètre, les 100 derniers mètres sont faits comme je peux, les yeux rivés sur le chrono officiel qui défile et, enfin, je pose le pied sur le tapis: 1h16'39.

Une fin de course difficile mais un chrono qui reste finalement dans les objectifs, même si je l'aurai souhaité encore meilleur les conditions n'étaient surement pas réunies pour que je puisse faire beaucoup mieux aujourd'hui. Je bat mon précédent record de 66 secondes, ce n'est évidemment pas rien et je peux enfin savourer ces 1h16 que j'ai en tête depuis un moment. Je les ai, ce n'est plus du potentiel tout ça je viens de prouver que j'en étais capable. Ce n'est qu'une étape car je sais que je dois pouvoir accrocher les 1h15 un jour mais celles ci restent virtuelles tandis que mes 1h16'39 aujourd'hui sont bien réelles.

Photos: Fred POIRIER, André CABROLIER,

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