Semi-Marathon de Paris

Le jour est venu: nous sommes le dimanche 02 mars 2008, date de la 16ème édition du semi-marathon de Paris. Cela fait déjà quelques jours que la course a fini de m'obséder, je me suis remémoré le film de ma préparation dès que j'avais un peu de temps à tuer mais celui-ci me revenait également lorsque j'avais de quoi m'occuper. Des collègues de bureau ayant également décidés de se frotter à la distance en ce dimanche beaucoup de conversations extra-professionnelles gravitent tout autant depuis quelques semaines autour de l'échéance du 02 mars. Aussi j'ai feins de ne pas trop y penser lorsque mes proches engageaient la conversation sur le sujet mais le semi a envahi mon esprit, j'y ai pensé constamment, vécu et revécu ma course les nuits précédentes...bref: j'ai hâte d'en découdre. J'ai fait de cette course ma dernière échéance avant de faire une petite pause côté entraînements et je ne veux pas passer à côté. J'en ai également fait mon second objectif de l'année, le premier étant les -35' sur 10 kms, objectif d'ores et déjà rempli ce qui contribue à faire monter la pression sur ce semi. Atteindre l'objectif fixé sur ce semi, à savoir courir la distance en moins de 1h18, c'est également me permettre psychologiquement de nourrir tous mes espoirs pour le troisième et dernier objectif de l'année: le marathon de New-York en 2h45. Ambitieux me direz vous, et vous auriez raison, mais si le chrono se confirme aujourd'hui le scénario se tient.

Passons à la course. Après un bref rendez-vous avec les collègues sus-cités et un rapide échauffement en compagnie d'Etienne je file vers mon sas, pas forcément en avance d'ailleurs. J'y retrouve Bruno avec qui j'avais couru le semi de Raizeux en juin dernier et aperçois pas mal de têtes connues mais je ne veux pas me déconcentrer donc ne fais pas la démarche d'engager des conversations qu'il ne me plairait pas de tenir à ce moment précis. Le départ approche je fixe tout mon esprit sur le compte à rebours...à 10h00 le coup de feu retentit et tout le monde s'élance. Je profite cette année du sas préférentiel et les premiers hectomètres sont beaucoup plus simple que l'an passé, quelques coureurs a doubler tout de même mais rien de bien déstabilisant. Quelques coureurs me reconnaissent et me saluent quand je leur passe devant, au fil des courses les contacts se créent mine de rien. Compte tenu de l'objectif j'ai prévu de ne pas m'alarmer tant que je tourne en moins de 3'43, avec une préférence pour s'approcher des 3'38 tout de même, mais je sais qu'il ne faut surtout pas partir trop vite au risque quasi-certain de le payer dans le dernier tiers, partie du parcours la plus défavorable. Je passe le premier kilomètre en 3'30, trop rapide bien sûr mais c'est l'euphorie du départ comme chaque fois. J'aperçois juste après le passage du premier kilomètre Cédric qui, se retournant, me voit également et se déporte sur l'extérieur pour me laisser revenir sur lui. Une fois parvenu à sa hauteur nous échangeons quelques mots et je lui explique en passant le second kilomètre (3'35) que je vais lever un peu le pied pour ne pas hypothéquer mes chances dès le début de course. Son objectif personnel étant de faire moins de 1h19 je pense qu'il décide, raisonnnablement, d'en faire de même. Nous passons encore le 3ème kilomètre ensemble puis je ne le verrai plus, j'apprendrai par la suite qu'il s'est arrêté autour du 7ème kilomètre voyant ses chances de tenir un résultat conforme à ses espérances s'amenuir. Ce troisième kilomètre est bouclé dans un rythme plus correct (3'39) et je m'efforce de m'abriter du vent car, si la météo nous a épargné la pluie dominicale, elle ne nous a pas fait grâce d'un vent de Sud-Ouest très pénalisant dans le premier tiers de course. J'ai rapidement une petite pensée pour Arthur, un collègue, qui m'avait plusieurs fois fait part de son attrait modéré pour la partie du parcours sur laquelle je me trouve à cause de l'"ondulation" (en français dans le texte) du boulevard. Je me dis en y passant qu'il n'avait pas totalement tort mais ce boulevard se situant dans le 4ème kilomètre les jambes peuvent encore assurer l'essentiel pour éviter la pénalisation chronométrique. 4ème kilomètre en 3'36 et je passe la place de la Nation (5ème kilomètre: 3'31) à la corde, sans un regard, comme la plupart de mes acolytes de course, pour le ravitaillement attendant le peloton sur l'extérieur de la place. En descendant le faubourg St Antoine vers la Bastille je suis encouragé par des connaissances qui en profitent pour immortaliser mon passage. Je me sens bien et approche du 7ème kilomètre (6ème en 3'33) serein. Une fois la Bastille passée le vent devient vraiment gênant, engouffré dans la rue de Rivoli il me pénalise grandement. J'attends donc impatiemment l'hôtel de ville et le demi-tour vers cette même place de la Bastille. L'impression de gêne se confirme sur les chronos des 7ème et 8ème kilomètres tournés en 3'42 chacun. Respectant le seuil psychologique de 3'43 je ne m'affole pas et poursuis ma route. Le demi-tour est effectué mais le vent se fait toujours sentir, soufflant en rafales depuis le Sud, moins pénalisant que sur les kilomètres précédents il n'en demeure pas mois gênant. Juste avant le 9ème kilomètre je me fais doubler par trois coureurs très rapides à propos desquels j'imagine différents scénarios mêlants départs ratés et chutes diverses pour expliquer que des athlètes allant à cette alllure ne me double qu'à cet instant précis de la course. Je le boucle en 3'39, tout va bien. J'avais envisagé avant la course de passer le 10ème kilomètre en 36'25. Chrono sur lequel toute avance notable devait m'amener à réfléchir sur mes chances de maintenir un rythme jusqu'au kilomètre 21.1. Je le passe en 36'10 (3'39), compte tenu des deux premiers kilomètres euphoriques je tiens le bon tempo. Mentalement c'est ici que se joue, bien souvent, cette course: il ne faut pas céder aux sensations positives car arrivent bientôt l'avenue Daumesnil, la rue de Charenton et un dernier tiers de course assez défavorable. Jusqu'au 14-15ème kilomètre il ne faut surtout pas tirer de plans sur la comète. En attendant je maintiens donc mon rythme sur le 11ème kilomètre (3'39). Arrive l'avenue Daumesnil, la montée et le 12ème kilomètre en son milieu (3'49). Je suis encore bien mais devine que la suite ne sera pas aussi simple. Je profite de la descente rue Taine pour relâcher un maximum et me détendre le plus possible. Direction porte de Charenton maintenant, la rue de Charenton monte de manière non négligeable et le chrono s'en ressent: 13ème kilomètre en 3'43. J'aperçois Bruno devant mais il est trop loin pour que je m'y fixe, par contre j'aperçois une des trois flèches du 9ème kilomètre que j'imagine en difficulté et j'essaie donc de m'en rapprocher. Le 14ème kilomètre passe ainsi, en 3'52, à cogiter et à m'efforçer de trouver quelque chose à quoi me raccrocher pour oublier les kilomètres. Je me dis maintenant que j'ai déjà parcouru deux tiers du parcours et que ça serait idiot de devoir lâcher à présent, après plusieurs semaines de préparation. Je m'accroche et ça à l'air de fonctionner, il faut dire que même si ça devient difficile ce n'est pas encore un effort insurmontable. J'attends donc dans mon rythme le 15ème kilomètre (3'43), puis le 16ème (3'41) durant lequel je recolle avec ce coureur lâché par ses camarades qui m'a passé quelques kilomètres plus tôt. Il joue un drôle de jeu en fait, les écouteurs dans les oreilles et certainement pas très concentré, il a tendance à s'endormir un peu, relâchant l'allure, jusqu'à ce que je parvienne à sa hauteur et que, me voyant, il allonge la foulée pour reprendre une dizaine de mètres d'avance...peu banal comme rythme de course mais il doit être dans une allure assez confortable pour lui. De mon côté je m'efforce d'être régulier et conserve mon rôle dans ce jeu du chat et de la souris au bout duquel il n'y a pas grand chose à gagner d'ailleurs. Peu avant le 17ème kilomètre il me ressert une accélération mais beaucoup plus marquée cette fois, je le vois s'echapper sans pouvoir le suivre tant pis pour moi, le panneau 17 approche et je regarde mon chrono: 3'51 ! Ca ne va plus du tout, il me faut absolument tourner plus rapidement que ça sinon je n'aurai pas le chrono attendu. Peu après, dans la montée du plateau de Gravelle un coureur me passe devant et j'essaie de l'accrocher, je m'efforce de ne pas réfléchir et de tout simplement coller à son rythme. Je me dis que je ne ferai pas les derniers kilomètres à ce rythme mais si je peux tenir jusqu'au 19ème ce sera déjà ça de pris. Le panneau 18 se dessine, je serre les dents. Ce qui est sûr c'est que ça ne sera pas 3'51 cette fois ci, l'allure me semble beaucoup plus soutenue que quelques minutes auparavant. En passant ce 18ème kilomètre je regarde mon chrono: 3'26 (sic !). Effectivement le rythme est un peu trop soutenu il serait bon de reprendre une allure plus conforme avec mon niveau et de laisser filer mon lièvre.

Je m'apercevrai après la course que beaucoup de coureur ont constaté un 17ème kilomètre assez long au chrono et un 18ème au contraire assez court pour des allures de course constantes (mesurées à coups de Cardio, Polar, Garmin...), je m'interroge donc sur la position de ce panneau 17 assassin (dans mon cas) qui pourrait se situer un peu trop loin de ce qu'il devait être.

En attendant je suis bien loin de ces considérations pendant mon 19ème kilomètre durant lequel je ne trouve même pas les ressources pour faire bonne figure sur les photos prises par l'organisation de la course. Je sais qu'après les photographes il me faut tourner à gauche mais rien que la perspective de voir se dessiner un rond point duquel il me faille faire le tour avant de partir à gauche me mine. C'est dire dans quel état de forme je me trouve à ce moment là. Je jette un bref coup d'oeil dans le virage pour voir mon temps de passage au 19ème (3'57) et attaque cette dernière et immense ligne droite devant me mener au château de Vincennes. Je sais à ce moment que rien n'est perdu pour mes 1h17 mais surtout que rien n'est gagné non plus et que si je ne me réveille pas maintenant je vais le regretter dans à peine 8 minutes pour avoir échouer de quelques secondes. J'essaie donc d'allonger un peu ma foulée. Un coureur me passe devant, plutôt à son aise apparemment, il me glisse: "J'ai entendu dans le sas que tu souhaitais faire moins de 1h18. Accroche toi à moi je t'y envoie.". J'essaie de m'accrocher tant bien que mal mais je le vois filer inexorablement loin de moi. En revanche cela aura eu le mérite de me faire forcer sur ce kilomètre que je tourne en 3'44. Il faut que j'envoie tout ce qu'il me reste dans ce dernier kilomètre, c'est là que ça peut se jouer. Bruno est toujours devant mais je ne le rattraperai pas avant l'arrivée, par contre le coureur qui a voulu m'aider me voit revenir et m'attends, il repars quand j'arrive à sa hauteur et je m'arrache pour tenir sa foulée. Je lui passe même devant 400 mètres avant l'arrivée et il me suit. Nous tenons ainsi jusqu'au bout, moi les yeux rivés sur le chrono officiel se rapprochant dangereusement des 1h18, lui ne me doublant que dans les derniers mètres. Plus que 100m (3'39 sur le 21ème kilomètre) je vois les secondes affichées derrière ce 1h17 s'égrener: 51, 52, 53, 54, 55...j'y suis ! Je m'éloigne à peine du tapis, mes jambes ne me portent presque plus...je suis ravi: 1h17'56 chrono officiel pour un temps réel de 1h17'44. Je souris bêtement, content de ne pas avoir souffert pour rien. Je marche vers le ravitaillement final, discutant au passage avec Bruno et des coureurs du XVème Athletic Club. Tous ont trouvés cette édition difficile: le vent sûrement.

En tous cas, vent ou pas, j'ai tenu l'objectif annoncé et savoure l'instant. J'attends maintenant mes collègues et Etienne qui arriveront à peu près en même temps je pense, vers 1h35. Je ne me trompe pas pour Etienne par contre Arthur finit, lui, en 1h29 ! Belle performance pour quelqu'un qui ne s'entraîne pas particulièrement, au running en tous cas. Le reste du groupe s'étale entre 1h43 et 1h50, chronos honorables également. De mon côté je suis plus que satisfait de mon temps, d'autant que j'estime que le vent a pu me pénaliser jusqu'à une trentaine de secondes et que mes 1h17 ne sont pas si justes que cela. Un détail, qui n'est d'ailleurs pas pour me déplaire: je finis 83ème sur plus de 18600 arrivants à 16 minutes du premier: Stephen KIBIWOT (dossard 8).

Comme je l'expliquais plus haut je ne me tourne pas encore vers d'autres objectifs immédiats, je ne me réalignerai certainement que le 01 mai à Cergy pour une reprise en douceur.

Photos: Christophe NOCLAIN, Krusti, Maindru

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