L'Ice-Trail

Le trail, un monde à part dans la course à pied: c'est presque du cross mais en moins balisé, plus long et sur du terrain bien plus accidenté. C'est avec cette idée en tête que je me suis rendu ce dimanche là en forêt de Carnelle pour m'essayer à la discipline. Deux épreuves au programme de l'ice-trail (rebaptisé mud-trail pour l'occasion): un 15 kms et un 30 kms...le 15 me suffira, d'autant que je viens avec pour objectif de ne pas trop avoir à souffrir histoire de ne pas me pénaliser dans ma préparation pour les foulées de Vincennes, et accessoirement pour le semi de Paris.

Après avoir tourné un peu je finis par réussir à me garer...à au moins deux bornes du départ ! De quoi s'échauffer avant l'heure en somme. J'ai un peu d'avance et ne me presse donc pas plus que ça, l'organisation prendra même du retard donc no panic ! En arrivant sur le lieu de retrait des dossards je m'aperçois tout de suite de la spécificité de l'épreuve: tous, ou presque, ont dans le dos un sac de vivres, des gourdes à la ceinture, des chaussures de course non pas signées New Balance ou Mizuno mais Salomon ! Les chaussettes ressemblent à des chaussettes de footballeurs, montant haut sur la jambe, et les cuissards descendent bien en dessous du genou. Je fais figure d'extra-terrestre en me changeant, je n'ai pris que mon cuissard et un T-Shirt classique, pas de vivres ni d'eau (mais partant pour un 15 kms je me dis que ça ne devrait pas trop me manquer).

L'organisation fait un petit briefing d'avant-course, j'en retiens qu'il y a eu un mort l'année passée (!), que le circuit est balisé mais à coup de balisages de type randonnée et qu'il est envisageable de se perdre donc ne pas hésiter à revenir sur nos pas (re !). Le départ du 30 kms va être donné je me place en spectateur, pas de ligne de départ, juste un tas de coureurs en vrac, quelqu'un beugle "PAAAARRTTTEEEEEZZZZZ !!!!" et tout le monde s'élance. Sceptique vis à vis de la méthode, je poursuis mon échauffement en attendant un petit quart d'heure que ne vienne mon tour de partir. Un second tas de coureurs commence à s'amasser, je me place à peu près devant, deuxième briefing, deuxième "PAAAARRRRTTTTEEEEZZZZ !!!!!" et je m'élance. Je me dis tout de suite qu'il faut que je m'extirpe au plus vite du peloton car la configuration des sentiers ne permettra pas forcément de doubler facilement. Dès le départ je vois ce qui m'attend sur le parcours: nous descendons une pente abrupte et caillassée recouverte d'une boue épaisse sur laquelle je manque de déraper plus d'une fois. Suite à cela nous suivons un sentier plus plat, j'en profite pour me mettre dans un rythme convenable (pas de balisage kilométrique pour trouver son rythme évidemment !). Le gros de la troupe est derrière moi, l'opération délestage s'est bien passée. J'aperçois devant deux binômes et encore devant un groupe de 5 ou 6 coureurs qui doivent être la tête de la course. Durant, approximativement les 3 ou 4 premiers kilomètres le terrain alterne côtes et descentes à pourcentages respectables mais rien d'extraordinaire, le terrain est encore pratiquable. Je ne m'attends d'ailleurs pas encore à ce que cela change d'ici peu. Je profite de cette partie pour remonter au train 3 ou 4 coureurs qui ne cherchent pas à s'accrocher. S'en suit un passage assez long au travers de branchages dans lesquel je protège mes yeux comme je peux mais sens mes mollets se faire lâchement écorcher par les ronces et branches que je dépasse. J'arrive un peu à relancer derrière mais le groupe, que je suppose, de tête a pris un peu d'avance par rapport à ma position. Une longue ligne droite me permet de voir que mon allure est plus soutenue que la leur et je commence à remonter doucement. Arrivent alors des passages plus techniques, une longue côte bien boueuse me laisse tout de même gagner encore deux places et je reprends les coureurs les plus lents du 30 kms dans la foulée. L'ascension dans la boue laisse quand même des traces, le pied d'appui qui s'échappe à chaque foulée c'est fatiguant...j'arrive en haut un peu harassé et ne vois pas les premiers qui en ont profités pour creuser l'écart. Un autre coureur me reprend, il doit être dans la même configuration de course que moi, c'est à dire remonter de loin car c'est un coureur que je n'ai pas doublé. Les 4 ou 5 kms qui suivent ne sont que boues, mares d'eau et ascensions pentues...tout le monde peine, je ne pense plus à gagner des places mais à contenir mes poursuivants. Lorsque le terrain s'applatit un peu l'un d'eux me repasse devant d'ailleurs, les multiples changements de rythme m'ont bien amochés et je n'avance plus aussi vite que sur le début de course. Un coureur manque de se blesser derrière moi, je perd quelques secondes à m'assurer qu'il va bien et qu'il repart. Sur un sentier, encore une fois boueux, un autre de mes poursuivants arrive à ma hauteur mais ce sera celui de trop. Hors de question de reperdre les places durement gagnées, j'en remets une couche et l'assèche définitivement. Un passage au milieu de fourrés de ronces achève de réduire mes mollets en lambeaux, un dernier mur à grimper et je reconnais l'aire d'arrivée, je déroule tranquillement sur les derniers hectomètres.

Au final je finis 8ème en 1h05 d'effort et avec des jambes couvertes de boue et de sang (l'an prochain je laisse le cuissard au vestiaire). Je discute un peu avec mes accolytes de course, me rhabille et retourne trottiner mes deux kilomètres pour rejoindre ma voiture.

Bref une expérience bien sympathique que je renouvellerai avec plaisir à l'occasion...mais un peu plus préparé !

Photos: Action-Raid

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